Quand la blockchain arrive encore à nous surprendre

Quand la blockchain arrive encore à nous surprendre

Bouleversements, révolution, disruption, métamorphose : tout semblait avoir été dit et écrit sur le potentiel d’innovation (et de destruction) de la technologie blockchain, pour la société en général et pour l’économie de la confiance numérique en particulier. Pourtant, au cours de la période récente, certains évènements, et les nombreuses publications qui leur ont été consacrées, ont alimenté le flot, pour l’instant ininterrompu, de la surprise permanente.

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Vers la disparition des entreprises

L’avènement de la blockchain devrait sonner le glas des banques, des notaires et plus généralement des tiers de confiance. Pour tous ceux qui se réjouissent de cette prédiction, la lecture des prévisions du gourou technologique Don Tapscot est vivement recommandée. Dans un long article publié dans Internet Actu, Hubert Guillaud présente les thèses de l’auteur de Blockhain Revolution. Avec la blockchain, c’est la raison même des entreprises qui va disparaître. L’avenir sera, paraît-il, aux organisations distribuées autonomes, sans dirigeants et sans salariés permanents. Pour illustrer son propos, Don Tapscott cite l’exemple du fond d’investissement participatif DAO (Decentralized Autonomus Orgaization). Après coup, on peut se dire que ce n’était pas forcément le meilleur argument (lire ci-après).

La règlementation s’empare du projet libertaire

L’Ordonnance n° 2016-520 du 28 avril 2016 relative aux bons de caisse qui modifie le code monétaire et financier ne constitue une œuvre littéraire susceptible d’emporter l’enthousiasme d’un militant crypto-anarchiste. Ce texte mérite cependant d’être cité car il correspondrait à la première définition légale en France d’un type particulier de blockchain. La règlementation a finalement mis peu de temps à se saisir d’un domaine conçu à l’origine dans un esprit libertaire.

Avec la réglementation, se pose également la question du cadre juridique applicable. Les juristes ne pouvaient pas se désintéresser d’une matière où il est si souvent question de « preuves » (de travail) et de « contrats » (smart), et qui, très accessoirement, prédit leur disparition (eux aussi !).

A l’instar de l’avocat Eric A. Caprioli, ils se sont emparé du sujet pour rapidement mettre le doigt sur une des questions qui fâche : « qui est responsable ? », « En cas de préjudice, vers qui va-t-on se retourner ? ». Les plus ardents propagandistes de la blockchain ne peuvent plus rétorquer que la question ne se pose pas dans la mesure où il ne peut pas y avoir de problèmes (lire ci-après).

Même la blockchain peut avoir des ratés

C’en est presque rassurant. Parfois paré de toutes les vertus, l’écosystème naissant de la blockchain peut aussi connaitre des ratés de grande envergure. C’est ce qui s’est passé en juin 2016 autour du projet DAO. Lancé début 2016 par la société Slock.it, ce projet de financement participatif reposant sur la blockchain Ethereum a rapidement suscité l’admiration des observateurs en démontrant sa capacité à lever plus de 150 millions de dollars malgré un cadre juridique incertain. L’enthousiasme a été douché en juin 2016 lorsque 50 millions de dollars ont été « siphonnés » à la faveur d’une faille dans le code DAO. La fiabilité de la blockchain Ethereum elle-même ne serait pas en cause mais cela pourrait refroidir quelque peu l’engouement pour cette nouvelle technologie.

Et voilà qu’apparaît le Baas

Bien sûr il y avait le SaaS (Software as a Service) mais aussi le PaaS, IaaS, DaaS et, de nouveau, le PaaS, soit respectivementPlatform as a Service, Infrastructure as a Service, Data as a Service et Privacy as a Service. Il faudra désormais compter avec le BaaS ( Blockchain as a Service), concept notamment associé au projet Bletchley de Microsoft. Vérifications faites, cela semble bien n’avoir absolument aucun rapport avec les partis Baas syrien et irakien d’Hafez el-Assad et de Saddam Hussein.

Les tiers de confiance ne sont pas rancuniers

La blockchain est censée conduire à la disparition des Tiers de Confiance ? La Fédération des Tiers de Confiance (FNTC) fait preuve d’ouverture d’esprit avec la création d’un nouveau groupe de travail consacré à ce sujet. Les travaux à venir se fonderont sur la conviction que la Blockchain et les tiers de confiance traditionnels sont complémentaires avant d’être concurrents.

Arnaud Belleil

Sources :

– Faut-il prendre les promesses de la Blockchain au sérieux ? – Hubert Guillaud – Internet Actu – 9 juin 2016 – source: internetactu.net

– La Blockchain a sa première définition légale – Pascal Agosti – L’Usine Digitale – 20 mai 2016 – source: usine-digitale.fr

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